Page:Lysias - Oeuvres complètes de Lysias, traduites en françois, trad Auger, 1783.djvu/413

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avantageuse. Quant aux particuliers qui ont rendu au peuple de grands services, qui ne lui donnerent jamais aucun sujet de plainte, & que vous devez récompenser plutôt que punir d’après leur conduite, on ne doit pas même écouter les calomnies débitées contre eux, quand même tous nos orateurs politiques les représenteroient comme partisans de l’oligarchie. Or, Athéniens, il ne m’étoit alors survenu aucune disgrace quelconque qui pût me faire désirer de sortir d’embarras, & soupirer après une autre constitution. J’avois été cinq fois commandant de vaisseau ; je m’étois trouvé à quatre batailles navales ; pendant la guerre, j’avois souvent contribué de ma fortune ; j’avois rempli les autres charges avec autant d’ardeur que personne. Toutefois je faisois plus de dépenses qu’on ne pouvoit en exiger à la rigueur, afin que vous eussiez de moi une meilleure opinion, & que si on m’intentoit un jour quelque procès criminel, je plaidasse avec plus d’avantage. J’étois privé du fruit de ces actions dans l’état oligarchique. Car, sans doute, les tyrans ne prétendoient pas récompenser ceux qui avoient fait quelque bien au peuple ; ils distinguoient au contraire, ils élevoient aux honneurs ceux qui vous avoient fait le plus de mal : c’étoit là comme le gage qu’ils recevoient de notre foi.

Ces réflexions doivent vous faire rejeter les dis-