Page:Lysias - Oeuvres complètes de Lysias, traduites en françois, trad Auger, 1783.djvu/420

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restés dans la ville, & qu’on assureroit pour toujours le gouvernement actuel à ceux qui étoient venus du Pirée. Vous devez plutôt en croire ces excellens patriotes que nos accusateurs, qui, exilés, durent leur salut à d’autres, & qui, de retour, cherchent à nous perdre par leurs calomnies. Je crois que les particuliers qui resterent dans la ville & qui pensent comme moi, ont fait assez connoître quels citoyens ils sont dans l’oligarchie & dans la démocratie : au lieu qu’on doit s’étonner de ce qu’auroient fait nos adversaires, si on leur eût permis d’être du nombre des Trente, eux qui agissent maintenant comme les Trente dans le sein même de la démocratie, eux qui ont passé rapidement de la pauvreté à la richesse, qui exercent les plus grandes charges sans rendre compte d’aucune, qui ont fait succéder la défiance mutuelle aux sentimens d’union, qui, au lieu de la paix, nous ont apporté la guerre, & qui enfin sont cause que nous sommes devenus suspects aux Grecs.

Auteurs de tous ces maux & d’une infinité d’autres encore, ne différant des Trente que parce qu’ils manifestent dans l’état démocratique les mêmes passions que ces tyrans montroient dans le gouvernement oligarchique, ils s’imaginent néanmoins qu’il doit leur être absolument permis d’étendre leurs persécutions sur qui il leur plaira, comme si