Page:Lysias - Oeuvres complètes de Lysias, traduites en françois, trad Auger, 1783.djvu/421

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tous les autres étoient coupables, & qu’eux seuls se fussent montrés d’excellens patriotes. Ce n’est pas eux qui doivent surprendre, mais vous, Athéniens, si vous croyez jouir de la démocratie lorsque rien ne se fait que par leur volonté, lorsqu’on punit non ceux qui offensent le peuple, mais ceux qui refusent de livrer leur argent. Ils aimeroient mieux, sans doute, ces ames cupides, que, sous leur administration, la ville fût asservie & sans forces, que puissante & libre par le ministère d’autrui. Ils s’imaginent que les périls qu’ils coururent au Pirée, leur donnent une licence absolue, & que ce seroit aux dépens de leur puissance que d’autres, qui vous sauveroient de nouveau, établiroient leur crédit. Ils se sont donc ligués pour empêcher que vous ne puissiez profiter du zele des meilleurs citoyens. Il n’est pas difficile de trouver en eux des sujets de reproche, puisque, loin de se cacher, ils affichent leur méchanceté & leurs intentions perverses, & que d’ailleurs vous êtes témoins vous-mêmes de leurs excès, ou que tout le monde vous en fait le récit. Pour nous, ô Athéniens, quelque persuadés que nous sommes que vous êtes tenus au traité & aux sermens envers tout le monde sans distinction, quand nous vous voyons néanmoins sévir contre les auteurs de vos maux, nous ne pouvons nous empêcher de vous excuser par le souvenir de vos malheurs :