Page:Lysias - Oeuvres complètes de Lysias, traduites en françois, trad Auger, 1783.djvu/84

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du citoyen le plus considérable : tant cette injure a toujours paru infiniment grave aux yeux de tous les hommes !

[3] Vous pensez tous de même, sans doute, sur la peine que méritent de semblables délits, et je suis bien éloigné de croire qu'aucun de vous soit assez indifférent pour s'imaginer qu'on doive punir légèrement les coupables, et encore moins leur faire grâce. [4] J'ai maintenant à vous prouver qu'Ératosthène a eu une intrigue criminelle avec ma femme, qu'il l'a séduite, qu'il a couvert d'opprobre mes enfants, qu'il m'a fait à moi-même l'affront le plus cruel, et cela dans ma propre maison. Jusqu'alors il n'y avait eu entre lui et moi aucune inimitié ; ce n'est point l'intérêt qui a armé mon bras, et sans songer à m'enrichir, j'ai tiré d'un adultère la vengeance que me permettait la loi. [5] Je vais donc reprendre les faits dès le principe, et vous les raconter en détail, sans rien omettre de vrai, et sans rien avancer de faux : car ma seule ressource dans cette affaire est de vous exposer les choses comme elles se sont passées.

[6] Lorsque je me décidai pour le mariage ; sans trop gêner la femme que j'avais choisie, et sans lui laisser trop de liberté, je cherchais à la connaître, et j'observais attentivement ses mœurs et son caractère. Dès qu'elle m'eut donné un fils, je lui accordai