Page:Lysias - Oeuvres complètes de Lysias, traduites en françois, trad Auger, 1783.djvu/85

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toute ma confiance, et lui abandonnai le soin de ma maison, persuadé qu'un enfant était le bien le plus fort qui pût l'attacher à moi. [7] Sa conduite fut d'abord irréprochable ; prudente et active, elle gouvernait son ménage avec autant de zèle que d'intelligence. Mais lorsque ma mère vint à mourir, cet événement fut l'origine et l'occasion de tout le désordre. [8] Ma femme suivait les funérailles [1] ; Ératosthène l'aperçut, et par l'entremise d'une servante qui allait au marché, il lui fit faire des propositions, et vint enfin à bout de la séduire et de la perdre.

[9] Il vous faut observer, Athéniens, que ma maison a deux étages, dont les appartements sont également distribués : les femmes habitent le haut, et le bas est habité par les hommes. Comme la mère nourrissait son enfant, je craignais que, les soins maternels l'obligeant souvent de monter, elle ne se trouvât exposée à quelque accident ; je me transportai donc en haut, et je fis descendre les femmes. [10] J'étais accoutumé à voir mon épouse aller coucher en bas auprès de son

  1. Les funérailles étaient une des cérémonies publiques auxquelles les femmes pouvaient assister. Nous voyons dans Thucydide que les sœurs, les mères et les veuves de ceux qui étaient morts à la guerre pouvaient suivre les funérailles que l'état célébrait pour eux, et assister à l'éloge funèbre qui était prononcé sur leur tombeau.