Page:Lysias - Oeuvres complètes de Lysias, traduites en françois, trad Auger, 1783.djvu/87

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sembla qu'elle avait du fard, quoique son frère fût mort il n'y avait pas un mois[1]. Je ne lui en parlai pas même, et je partis de la maison fort tranquillement.

[15] Au bout de quelques jours (je ne soupçonnais guère mon malheur), une vieille servante m'aborde, elle était envoyée par une femme avec laquelle Ératosthène avait eu commerce, ainsi que je l'ai appris. Cette femme irritée, et se croyant offensée parce qu'il cessait de la voir, épiait toutes ses démarches jusqu'à ce qu'elle eût découvert la cause de son absence. [16] La servante ayant pris le moment où je sortais de ma maison : « Euphilète, me dit-elle en m'abordant, ce n'est par aucune envie de nous mêler de ce qui ne nous regarde pas que je suis venue vous trouver. L'homme qui vous déshonore, vous et votre femme, est notre ennemi. Prenez l'esclave qui va au marché et qui vous sert, menez-la à la torture, et elle vous instruira de ce qui se passe chez vous.

  1. Les anciens étaient plus expressifs et plus naturels que nous dans les témoignages de leur douleur. Ils ne se contentaient pas de prendre des habits de couleur noire ; ils choisissaient leurs vêtements les plus sales et les plus usés ; ils affectaient d'être négligés dans tout leur extérieur : nous voyons ici que les femmes interrompaient l'usage du fard. En effet, comment accorder l'état de deuil avec une attention marquée de plaire ?