Page:Lysias - Oeuvres complètes de Lysias, traduites en françois, trad Auger, 1783.djvu/88

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C'est Ératosthène qui met le désordre dans votre ménage, il a déjà séduit bien d'autres femmes ; il se fait un art et un jeu de la séduction. »[17] Après avoir dit ces mots, elle se retire. Je fus aussitôt troublé ; tout me revenait à la fois dans l'esprit. On m'avait enfermé dans la chambre où je couchais ; pendant une nuit la porte de la cour et celle de la rue avaient fait du bruit, ce qui n'était jamais arrivé ; ma femme m'avait paru fardée. Je repassais sur toutes ces circonstances ; j'étais plein de soupçons.

[18] Revenu chez moi, j'ordonne à la servante de me suivre au marché, et la conduisant chez un de mes amis : « J'ai appris, lui dis-je, ce qui se passe dans ma maison : tu vas être chargée de coups, envoyée au moulin [1], accablée de continuels travaux ; ou si tu me dis la vérité, tu n'auras rien à souffrir, et je te pardonnerai ta faute : choisis. Ne me mens pas, dis-moi tout ce qui en est. » [19] Elle nie d'abord fermement, me disant que j'étais le maître de faire ce que je voudrais, mais qu'elle ne savait rien. Cependant, lorsque je lui nommai Ératosthène, comme celui qui rendait visite à ma femme, déconcertée alors, et me croyant instruit de tout, elle se jette à mes pieds, me fait promettre de ne

  1. Chez les Grecs, comme chez les Romains, les esclaves dont on était mécontent étaient condamnés à tourner la meule dans un moulin.