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Page:Lytton - Rienzi, le dernier des tribuns de Rome, tome 1, 1865.djvu/11

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RIENZI.

combien vous nous êtes cher. Aucune grandeur ne pourrait me réconcilier avec la pensée qu’elle dût vous attirer quelque péril.

— Et moi je saurais braver tout danger s’il menait à la grandeur. Mais la grandeur, la grandeur, vain songe ! Gardons-le pour notre sommeil de nuit. Assez de mes propres projets, passons aux tiens, frère bien-aimé. »

Alors, avec ce tour d’esprit flexible, enjoué, ardent, qui lui était particulier, le jeune Cola, chassant toutes ses pensées plus farouches, ramena son esprit à écouter, à pénétrer les projets plus humbles de son frère. Le bateau neuf et l’habit de fête, et la cabane transportée dans un quartier mieux abrité de l’oppression seigneuriale, et puis de lointains tableaux d’amour, tels qu’un œil noir et une lèvre riante en évoquent au vague horizon du cœur d’un adolescent, voilà les objets auxquels s’arrêtaient les plans et les rêves auxquels l’étudiant prêtait l’oreille, avec un front éclairci et un tendre sourire ; et souvent, par la suite, cette conversation lui revint à l’esprit, quand il tremblait de demander à son propre cœur laquelle de ces deux ambitions avait été la plus sage.

« Et alors, poursuivit le plus jeune frère, peu à peu je pourrais en épargner assez pour acheter un vaisseau comme celui que nous voyons maintenant chargé, sans doute de blé et de marchandises, un vaisseau grâce auquel (Dieu que je serais heureux de vous prouver ainsi ma reconnaissance) je pourrais remplir votre chambre de livres, pour ne jamais plus vous entendre plaindre de n’être pas assez riche pour acheter quelque vieux manuscrit de moine tombant en lambeaux. Ah ! que je serais heureux ! » Cola sourit en pressant plus étroitement son frère sur son cœur.

« Cher garçon, dit-il, que Dieu m’accorde plutôt à moi de satisfaire vos souhaits ! Cependant, il me semble que les maîtres de ce vaisseau ne possèdent pas là