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Page:Lytton - Rienzi, le dernier des tribuns de Rome, tome 1, 1865.djvu/19

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RIENZI.

son sang trempe le gazon ; arrière, arrière, les sabots de votre cheval piétinent dedans ! Justice, monseigneur, justice ! Vous avez tout pouvoir.

— Qui l’a tué ? Un Orsini, sans doute : justice vous sera faite.

— Merci, merci, » murmura Rienzi, en se rapprochant d’un pas chancelant vers son frère. Il détourna de dessus le gazon la figure de l’adolescent, et sa main tremblante chercha les battements du cœur de la victime. Hélas ! il retira sa main précipitamment, car le sang l’avait rougie, et, la levant en l’air, cria de nouveau : « Justice ! justice ! »

Les hommes groupés autour du vieil Étienne Colonna, endurcis qu’ils étaient à de pareilles scènes, furent émus par ce spectacle. Un beau jeune homme, dont les joues ruisselaient de larmes, et qui montait son palefroi à côté de Colonna, tira son épée. « Monseigneur, dit-il, presque en sanglotant, un Orsini seul a pu égorger un innocent jouvenceau comme celui-ci ; ne perdons pas une minute, courons vite après les coquins !

— Non, Adrien, non ! dit Étienne, posant sa main sur l’épaule du jeune homme, votre zèle est digne d’éloges, mais nous devons nous garder d’une embuscade. Nos hommes se sont risqués trop loin. Hé, là-bas ! sonnez la retraite. »

Les clairons, en quelques minutes, ramenèrent les poursuivants, parmi lesquels était le cavalier dont la lance s’était si fatalement fourvoyée. Il commandait les gens engagés dans la lutte avec Martino di Porto, et l’or incrusté dans son armure et les somptueux harnais de son coursier annonçaient son rang.

« Merci, mon fils, merci, dit le vieux Colonna à ce cavalier. Votre conduite a été belle et brave. Mais dites-moi, vous, qui avez un œil d’aigle, savez-vous qui des