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Page:Lytton - Rienzi, le dernier des tribuns de Rome, tome 1, 1865.djvu/18

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RIENZI

gisant sur sa route. Il se trouvait maintenant à l’endroit où son frère l’avait quitté ; il jeta derrière lui un regard précipité, et, en voyant la lance abaissée et le cimier terrible du cavalier qui menaçait son échine, il leva au ciel un regard de désespoir, et aperçut son frère, s’élançant au travers des buissons entortillés qui garnissaient la montagne, et bondissant à son secours.

« Sauvez-moi ! sauvez-moi, frère ! » cria-t-il de toutes ses forces, et ce cri perçant atteignit l’oreille de Cola ; les naseaux de l’impétueux coursier firent sentir au fugitif leur souffle brûlant ; encore un moment, et, poussant un cri aigu et désespéré de grâce ! grâce ! tombait sur le terrain un cadavre ; la lance de son persécuteur le perçait de part en part, du dos à la poitrine, et le clouait sur la même motte de terre où, moins d’une heure avant, il s’était assis, plein de jeunesse, de vie et d’espoir insouciant.

Le cavalier arracha sa lance et se mit à la poursuite de nouvelles victimes, suivi de ses camarades. Cola, cependant, était descendu ; maintenant il était sur les lieux, agenouillé près de son frère massacré. Maintenant au son du cor et de la trompette, arrivait une compagnie, dont les membres étaient plus nobles que la plupart des cavaliers engagés jusque-là, lesquels n’avaient été, il est vrai, que la garde avancée des Colonna. À la tête de cette compagnie chevauchait un homme d’âge, dont la longue chevelure blanche, s’échappant d’un casque à panache, se mêlait à une barbe vénérable. « Qu’est-ce que ceci ? » demanda ce chef en arrêtant son palefroi, « le jeune Rienzi ! »

Entendant cette voix, le jeune homme leva les yeux, puis se précipita devant la monture du vieux noble, et, joignant les mains, s’écria d’une voix à peine articulée : « C’est mon frère, noble Étienne, un jouvenceau, un véritable enfant ! le meilleur, le plus doux ! Voyez comme