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Page:Lytton - Rienzi, le dernier des tribuns de Rome, tome 1, 1865.djvu/22

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RIENZI.

Cola de Rienzi se releva tout autre et tout nouveau. Avec son jeune frère mourait sa propre jeunesse. Sans cet événement, le futur libérateur de Rome aurait pu n’être qu’un rêveur, un docteur, un poëte, le paisible rival de Pétrarque, un homme d’idée et non un homme d’action. Mais dès lors toutes ses facultés, son énergie, son imagination, son génie se concentrèrent sur un seul point, et l’amour de la patrie, simple vision jusque-là, prit d’un bond la vitalité et la vigueur d’une passion, allumée pour longtemps, obstinément endurcie, et terriblement consacrée par… la vengeance !


CHAPITRE II.

Aperçu historique qu’il ne faut pas passer, à moins qu’on ne soit de ces lecteurs qui n’aiment pas à comprendre ce qu’ils lisent.

Des années s’étaient passées, et au milieu de massacres plus aristocratiques et moins excusables encore, la mort du jeune Romain avait été bientôt oubliée, oubliée presque par les parents de la victime, grâce à la réputation et à la fortune croissante de leur fils aîné, sans que ce fils lui-même l’eût jamais oubliée ni pardonnée. Mais, entre ce prologue de sang et le drame politique qui le suit, entre l’intérêt décroissant d’un rêve pour ainsi dire, et l’entraînement plus impérieux, pressant et continu d’une vie plus austère, c’est peut-être le moment le plus propice pour mettre sous les yeux du lecteur une esquisse courte et rapide de l’état et de la situation de la cité qui