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Page:Lytton - Rienzi, le dernier des tribuns de Rome, tome 1, 1865.djvu/278

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RIENZI.

masqué du compliment, cette insouciante exigence du respect dans les moindres bagatelles, exigence dont on ne pouvait pas se montrer offensé au dehors, mais qu’on ne pouvait pardonner au dedans !

« Bonjour à la signora Colonna, dit-elle à la fière épouse du fier Étienne ; nous avons passé hier devant votre palais. Comme il paraît beau maintenant qu’il est débarrassé de ces sombres remparts, dont la vue a dû si souvent attrister vos regards ! Signora, dit-elle en s’adressant à une des dames Orsini, votre mari est en grande faveur auprès du tribun qui lui destine un brillant commandement. Sa fortune est assurée, et nous nous en réjouissons, car il n’est pas d’homme qui serve plus loyalement l’État. Avez-vous vu, belle dame de Frangipani, les derniers vers de Pétrarque en l’honneur de mon seigneur et maître ? Ils sont là-bas, me permettez-vous de vous inviter à en faire apprécier les beautés à la signora de Savelli ? Nous nous réjouissons, noble dame de Malatesta, que votre vue soit si bien rétablie. La dernière fois que nous nous sommes rencontrées, nous étions placés tout près de vous à la fête de dame Giulia, cependant vous sembliez avoir de la peine à nous distinguer du pilier auprès duquel nous nous tenions ?

— Faut-il en être réduite à endurer pareille insolence ! murmura la signora Frangipani à la signora Malatesta,

— Chut ! chut ! patience ! patience ! si jamais notre jour revient ! »