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Page:Lytton - Rienzi, le dernier des tribuns de Rome, tome 1, 1865.djvu/279

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RIENZI.


CHAPITRE II.

Bonheur d’avoir un conseiller qui a les mêmes intérêts que nous, et dont le cœur ne fait qu’un avec le nôtre. — La paille emportée par le vent. — Serait-ce le présage d’une tempête ?

Il était, ce jour-là, plus tard que d’ordinaire, quand Rienzi revint de son tribunal aux appartements du palais. En traversant la salle de réception, sa mine était très-exaltée, il avait les dents serrées comme un homme qui a pris une forte résolution dont il ne veut point se départir, et son front était assombri par ce froncement de sourcils, fixe et effrayant, que les auteurs qui ont décrit l’extérieur de sa personne n’ont pas manqué d’observer, comme le trait caractéristique chez lui d’une colère d’autant plus mortelle qu’elle était toujours juste. L’évêque d’Orvieto et le vieil Étienne Colonna le suivaient de près. « Je vous répète, messeigneurs, disait Rienzi, que vous plaidez en vain cette cause. Rome ne connaît point de distinction entre les classes. La loi est aveugle pour l’auteur, elle a seulement un œil de lynx pour le fait.

— Pourtant, dit Raimond en hésitant, réfléchis, tribun : le neveu de deux cardinaux… lui-même autrefois sénateur… »

Rienzi s’arrêta brusquement et regarda en face ses compagnons : « Monseigneur l’évêque, dit-il, ceci ne rend-il point le crime plus inexcusable ? Regardez, lisez : Un vaisseau d’Avignon à Naples, chargé des revenus de Pro-