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Page:Lytton - Rienzi, le dernier des tribuns de Rome, tome 1, 1865.djvu/37

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RIENZI.

— Écoutez un de nos savants, un de nos riches citoyens ! dit respectueusement le boucher.

— C’est un ami de Rienzi, observa un des assistants en se découvrant la tête. »

Les yeux baissés, et portant visiblement sur sa figure l’empreinte de la douleur, de la honte, de l’indignation, Pandolfo di Guido, citoyen de haute naissance et de grande réputation, se glissa lentement dans la foule et disparut.

Cependant Adrien, ayant gagné une rue vide et solitaire, quoique dans le voisinage encore de la cohue, s’adressa à son farouche compagnon : « Rodolphe, lui dit-il, attention ! — pas de violence envers les citoyens. Retourne à cet attroupement, rassemble les amis de notre maison, retire-les de la bagarre ; que les Colonna ne soient pas accusés des violences d’aujourd’hui, et assure à nos clients, en mon nom, que je jure, par mon titre de chevalier reçu des mains de l’empereur, que mon épée punira Martino di Porto de son crime. Je voudrais bien aller en personne apaiser le tumulte, mais ma présence aurait l’air de l’encourager plutôt. Va, tu suffis bien à toi seul pour leur faire contre-poids.

— Oui, seigneur, le contre-poids des coups ! répondit le sauvage soldat. Et puis, voilà une commission qui n’est pas bien agréable. J’aimerais bien mieux laisser couler leur sang bourbeux une heure ou deux de plus. Mais pardon, en obéissant à tes ordres, est-ce à ceux de mon maître ton parent que j’obéis ? Car c’est le vieux Étienne Colonna, qui, — Dieu le bénisse, — n’épargne pas plus l’or que le sang, — excepté le sien, comme de raison !, — c’est lui qui me donne ma solde, c’est à sa bannière que je suis lié par serment.

— Diavolo ! » murmura le cavalier, et le rouge de la colère montait sur ses joues ; mais, sachant se contenir comme les nobles Italiens en avaient l’habitude, il étouffa