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RIENZI.

profit une invitation de se rendre à la cour de l’empereur. Près de ce souverain il s’était initié au métier des armes, et, parmi les nobles d’Allemagne, il avait appris à tempérer la finesse naturelle à l’italien par la générosité chevaleresque de la bravoure septentrionale.

Parti de Bavière, il avait fait un séjour de peu de durée dans les solitudes d’une de ses propriétés, près du plus beau lac de l’Italie du nord ; et de là, l’esprit également perfectionné par l’étude et l’action, il avait visité beaucoup d’États libres en Italie ; il avait puisé des sentiments indépendants des préventions de sa caste, et acquis pour lui-même une réputation précoce en observant dans son for intérieur les caractères et la conduite des autres. Il réunissait les meilleures qualités du noble italien. Passionnément attaché à la culture des lettres, politique subtil et profond, courtois et poli dans ses manières, relevant son amour du plaisir par une certaine distinction de bon goût, il avait en outre une certaine générosité de galant homme ; un honneur sans tache, une horreur pour la cruauté, qu’on trouvait alors bien rarement dans le caractère italien, et que même les chevaliers du Nord, tout en conservant ces qualités entre eux, abandonnaient ordinairement, dès le premier contact avec cette astuce systématique et ce mépris de toute loyauté qui faisaient le fond du féroce mais rusé Méridional. À ces qualités il mêlait, il est vrai, les passions plus douces de ses compatriotes : il adorait la beauté et faisait une divinité de l’amour.

Il n’était rentré que depuis quelques semaines dans sa ville natale, où sa réputation l’avait déjà précédé, et où l’on se rappelait toujours son précoce amour des lettres et les grâces de son extérieur. Il trouva à son tour la position de Rienzi bien plus changée que la sienne. Adrien ne s’était pas encore mis en rapport avec l’étudiant. Il voulut d’abord juger par ses propres yeux, et à