rence affectée, bien que sa lèvre tremblât et que son œil lançât des éclairs ; puis, après une pause, il reprit avec un sourire terrible : « Si Colonna aime tant la bure du moine, il pourra en rassasier ses yeux avant de nous séparer. Et maintenant, monseigneur Savelli, voici ma question, que je vous prie d’écouter : ce n’est pas trop de tout votre esprit pour la résoudre. »
« Lequel vaut mieux, pour le gouverneur d’un État, de pousser à l’excès ou la clémence ou la rigueur de la justice ? Reprenez haleine pour répondre, vous avez l’air de tomber en faiblesse, vous pâlissez, vous tremblez, vous vous cachez la figure : traître et assassin, votre conscience vous trahit ! « Messeigneurs, venez en aide à votre complice, et chargez-vous de la réponse !
— Eh bien ! si nous sommes découverts, dit Orsini en se levant d’un air de désespoir, nous ne tomberons point sans vengeance ! Meurs, tyran ! »
Il se précipita sur Rienzi qui s’était également levé, et lui porta un coup de poignard à la poitrine ; l’acier perça la robe de pourpre et glissa comme un éclair, sans faire de mal : le tribun regarda avec un sourire dédaigneux le meurtrier désappointé.
« Avant la nuit dernière jamais je n’avais songé, que j’eusse besoin d’une cuirasse secrète sous ma robe de cérémonie. Messeigneurs, vous m’avez donné une leçon terrible, je vous en remercie. »
En disant ces mots, il frappa des mains, et tout à coup, à l’extrémité de la salle, les portes s’ouvrirent à deux battants, et firent voir la salle du Conseil, tendue de soie d’un rouge de sang que relevaient des raies blanches ; emblème du crime et de la mort. À une longue table siégeaient les conseillers en robes ; à la barre se tenait une figure de bandit que les convives reconnurent trop bien.
« Faites approcher Rodolphe de Saxe ! dit le tribun. »