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RIENZI.

Et, sous la conduite de deux gardes, le brigand entra dans la salle.

« Misérable, c’est donc toi qui nous as trahis ! dit un des Frangipani.

— Rodolphe de Saxe va toujours au plus haut enchérisseur, repartit le mécréant avec un affreux sourire sarcastique. Vous m’avez donné de l’or, et j’ai voulu tuer votre ennemi ; mais votre ennemi m’a vaincu ; il me fait grâce de la vie, et la vie est un plus grand cadeau qu’une bourse d’or !

— Vous avouez votre crime, messeigneurs ! Silencieux ! Muets ! Où est votre esprit, Savelli ? Où est votre fierté, Rinaldo di Orsini ? Gianni Colonna, c’est là qu’en est venu votre honneur de chevalerie ?

— Oh ! continua Rienzi avec une amertume profonde et passionnée. Oh ! messeigneurs, rien ne vous réconciliera donc, je ne dis pas avec moi, mais avec Rome ? Quels sont mes torts envers vous ou les vôtres ? J’ai dispersé des bandits (tels que votre accusateur) : J’ai démantelé les forteresses, établi des lois équitables ; quel homme, dans toutes les turbulentes révolutions d’Italie, sorti des rangs du peuple, a jamais fait moins de concessions à la licence de la populace ? Pas un écu de vos coffres qui soit touché par un pouvoir arbitraire ; pas un cheveu de vos têtes qui soit menacé par une vengeance privée ! Vous, Gianni Colonna, chargé d’honneurs, revêtu d’un commandement de confiance ; vous, Alphonso di Frangipani, doté de nouvelles principautés ; le tribun s’est-il rappelé une seule insulte qu’il ait reçue de vous comme plébéien ? Vous m’accusez d’orgueil ; était-ce ma faute si vous aduliez mon pouvoir, la flatterie sur les lèvres, le poison dans le cœur ? Non, je ne vous ai point offensés ; que le monde sache bien qu’en ma personne vous visiez au cœur la liberté, la justice, la loi, l’ordre, la grandeur rétablie, les droits renouvelés de Rome ! C’était à leur essence abs-