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RIENZI.

plus loin que le présent ? qui peut dire « je vais te revoir ? »

Quelques minutes après qu’Irène eut quitté la chambre, Adrien poussa un long soupir, et rouvrit les yeux. Ce n’était plus le même homme ; la fièvre avait disparu, le pouls était ranimé, faible encore, mais calme. Son esprit, avait repris son empire sur son corps, et quoiqu’il restât épuisé et débile, le danger n’existait plus, la vie et l’intelligence étaient ressuscitées.

« J’ai dormi longtemps, murmura-t-il, oh ! quels rêves ! J’ai cru voir Irène, mais sans pouvoir lui parler, et pendant que j’essayais de la saisir, sa figure changeait, sa forme s’évanouissait, et j’étais dans les griffes de l’affreux fossoyeur. Il est tard, le soleil est avancé, allons, il faut me lever et me remettre en marche. Irène est en Lombardie,… mais, non, c’était un mensonge, un cruel mensonge ; elle est à Florence ; il faut que je reprenne mes recherches. »

En même temps que ce triste devoir lui revenait en mémoire, il se leva du lit, mais il fut étonné de sa faiblesse. D’abord il ne put se tenir debout sans s’appuyer contre le mur ; peu à peu, cependant, il finit par redevenir assez maître de ses membres pour faire quelques pas, mais au prix de combien d’efforts et de douleurs ! En proie à une faim vorace, il trouva dans la chambre quelques aliments légers qu’il dévora avidement. Il ne mit guère moins d’empressement à laver son corps affaibli et sa figure blême avec l’eau qui se trouvait sous sa main. Il se sentit alors rafraichi et ranimé, et commença à prendre ses vêtements qu’il trouva entassés à côté de son lit. Il regarda avec surprise, avec une sorte de pitié de lui-même, ses mains amaigries, ses membres amincis, et il commença à comprendre alors qu’il devait avoir eu quelque maladie grave, à son insu. « Et encore j’étais seul, se disait-il, personne pour me soigner ! C’est la nature qui a été ma seule garde-malade ! Mais hélas ! hélas !