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Page:Lytton - Rienzi, le dernier des tribuns de Rome, tome 2, 1865.djvu/116

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RIENZI.

toujours aimé les jeunes gens (mon frère est mort si jeune), et vous plus que tout autre. Quelle fatalité t’a amené ici ?

— Irène, répondit en tremblant Adrien.

— Est-il vrai ? Tu es un Colonna, et tu estimes encore ceux qui sont tombés de leur puissance ? Le même devoir m’a amené aussi à la ville de la mort. Des extrémités du midi, franchissant les montagnes du bandit, traversant les forteresses de mes ennemis, les cités où le héraut proclamait à mes oreilles la mise à prix de ma tête, je suis arrivé ici, à pied, seul, en sûreté sous les ailes du Tout-Puissant. Jeune homme, tu aurais dû laisser cette tâche à un homme dont la vie est couverte d’un charme magique, et à qui le ciel et la terre réservent une fin prédestinée. »

Le tribun disait cela d’une voix grave et sourde, et son œil levé au ciel, son front solennel, montraient que ses revers n’avaient fait que redoubler son fanatisme et la vivacité même de ses espérances.

« Mais, demanda Adrien en se dégageant doucement du bras de Rienzi, tu sais alors où trouver Irène ? Allons ensemble. Ne perdons pas un moment dans ces causeries ; le temps est d’une valeur inestimable, et dans cette ville un moment n’est souvent que la limite qui nous sépare de l’éternité.

— C’est juste, dit Rienzi, rappelé à son but, mais ne crains rien, j’ai rêvé que je la sauverai, que je sauverai le bijou et l’enfant chéri de ma maison. Ne crains rien ; moi je n’ai aucune crainte.

— Savez-vous où la chercher ? dit Adrien avec impatience ; le couvent maintenant est envahi par des hôtes bien différents.

— Ah ! c’est ce que disait aussi mon rêve !

— Ne parlez point de rêves maintenant, reprit l’amant, mais si vous n’avez point d’autre guide, séparons-nous