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Page:Lytton - Rienzi, le dernier des tribuns de Rome, tome 2, 1865.djvu/117

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RIENZI.

sur-le-champ pour la chercher. Je vais prendre cette rue, vous la rue opposée, et au coucher du soleil, retrouvons-nous sur la même place.

— Jeune téméraire, dit le tribun du ton le plus solennel, ne te moque point des visions dont le ciel fait une parabole pour son élu. Tu prends conseil de ta sagesse humaine ; moi, moins présomptueux, je suis la main de la mystérieuse Providence, qui marche en ce moment même devant mon regard comme une colonne de lumière dans ce désert d’horreurs ? Oui, retrouvons-nous ici au coucher du soleil et nous verrons qui des deux avait le guide le plus infaillible. Si mon rêve dit vrai, je verrai ma seur vivante, avant que le soleil atteigne cette colline là-bas, et près d’une église dédiée à saint Marc. »

La profonde gravité avec laquelle Rienzi parlait, inspirait à Adrien une espérance que sa raison ne voulait point admettre. Il le vit partir de ce pas fier et majestueux auquel son costume flottant donnait une dignité encore plus imposante, et alors il remonta la rue qui se trouvait à sa droite. Il n’en avait pas parcouru la moitié qu’il se sentit tirer par son manteau. Il se retourna et vit le masque hideux d’un Becchino.

« Je craignais que vous ne fussiez parti et qu’un autre ne m’eût volé mon affaire, dit le fossoyeur, en voyant que vous’ne reveniez pas au palais du vieux prince. Je m’aperçois que vous ne me reconnaissez pas, mais je suis celui que vous avez chargé de chercher…

— Irène ?

— Oui, Irène di Gabrini ; vous avez promis une ample récompense.

— Vous l’aurez.

— Suivez-moi. »

Le Becchino se mit en marche et arriva bientôt à une maison. Il frappa deux coups à la porte du concierge ; une vieille femme vint ouvrir avec précaution. « Ne crains