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RIENZI.

yeux, en se portant sur cette assemblée, rencontrèrent quelques dames qu’elle reconnut pour les épouses des ennemis de Rienzi, chuchotant entre elles avec des coups d’œil significatifs, et sa mortification éveilla plus d’un sourire malicieux. Elle reprit immédiatement son sang-froid et dit en souriant à la signora Frangipani :

« Voudriez-vous bien nous faire part de votre hilarité ? Il me semble qu’il vous est venu quelque joyeuse pensée, que ce serait grand dommage de ne pas nous communiquer franchement. »

La dame à qui elle parlait rougit légèrement et répliqua :

« Nous nous disions, madame, que si le tribun avait été présent, c’était le cas d’accomplir son vœu de chevalerie.

— Et comment, Signora ?

— C’eût été son devoir et son plaisir, madame, de secourir les personnes en détresse. » Et la signora de lancer un regard significatif sur le mouchoir toujours gisant sur le parquet.

« Ainsi c’était un affront à mon adresse, signora, dit Nina se levant avec une grande majesté. J’ignore si vos honorables époux seront aussi hardis avec le tribun ; mais ce que je sais, c’est que la femme du tribun peut à l’avenir vous pardonner votre absence. Il y a quatre siècles, un Frangipani aurait bien pu courber la tête devant un Raselli ; aujourd’hui, la dame d’un baron romain peut bien reconnaître une supérieure dans l’épouse du premier magistrat de Rome. Je ne vous commande pas de courtoisie, je ne la recherche même pas.

— Nous sommes allées trop loin, murmurait une dame à sa voisine. Peut-être l’entreprise ne réussira-t-elle pas, et alors… »

L’entrée soudaine du tribun coupa court à toutes