Aller au contenu

Page:Lytton - Rienzi, le dernier des tribuns de Rome, tome 2, 1865.djvu/233

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
229
RIENZI.

des regards où l’étonnement du barbare se mêlait à un insolent dédain. Pas un cri de bienvenue n’accueillit cette soldatesque étrangère ; il était évident que leur aspect refroidissait plutôt l’enthousiasme.

« C’est honteux ! grommela de manière à se faire entendre Cecco del Vecchio. Est-ce que l’ami du peuple a besoin des sabres qui prolégent un Orsini ou un Malatesta ? C’est honteux ! »

Cette fois aucune voix n’imposa silence au robuste mutin.

« Voilà, s’il les paye bien, ses seuls défenseurs réels contre les barons, pensait Adrien ; mais ils ne sont pas en nombre suffisant. »

Ensuite venaient deux cents fantassins de Toscane, portant les cuirasses et les armes pesantes de la grosse infanterie ; cette troupe élégante semblait, par ses regards joyeux et ses manières familières, sympathiser avec la foule. Et de fait, ils étaient d’accord avec elle, car ils étaient Toscans, et, par conséquent, partisans de la liberté. Aussi les Romains semblaient-ils reconnaître en leur personne des alliés naturels et légitimes, et on poussa un cri général de : « Vivent les braves Toscans ! »

« Tristes défenseurs ! pensait Colonna plus clairvoyant : les barons peuvent leur faire peur, et la populace peut les corrompre. »

À la suite arriva une file de trompettes et de porte-drapeaux, dont la musique se perdait dans le fracas des acclamations, qui semblaient s’élever simultanément de tous les quartiers de la ville : « Rienzi ! Rienzi ! salut ! salut ! Vivent la liberté et Rienzi ! Rienzi et le buono stato ! »

Les fleurs pleuvaient sur son passage : de chaque maison on agitait des mouchoirs et des bannières : on eût pu voir des larmes descendre, sans qu’on y prît garde, le long de maint visage barbu ; jeunes et vieux s’age-