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RIENZI.

attendons que les rebelles se compromettent par quelque outrage odieux, et alors le dépit ramènera les indécis au sentiment d’une vengeance commune. »

Ce conseil prévalut ; l’événement en a prouvé la sagesse. Pour colorer ce délai d’une apparence de dignité, des messagers furent envoyés à Marino, où la plupart des barons s’étaient enfuis, et qui était une place forte, pour demander leur retour immédiat.

Le jour où l’insolent refus des insurgés fut apporté à Rienzi, des fugitifs accoururent de toutes les parties de la Campagne. Les maisons brûlées, les couvents et les vignobles dévastés, les bestiaux et les chevaux confisqués, firent bien voir comment les barons entendaient mener la guerre, et réveillèrent les courages languissants en montrant aux Romains un échantillon de la miséricorde qu’ils devaient attendre pour eux-mêmes. Le soir de ce jour-là, de leur propre mouvement, tous les citoyens se précipitèrent vers la place du Capitole. Rinaldo Orsini s’était emparé d’un château fort, dans le voisinage immédiat de Rome, et avait mis le feu à une tour ; on pouvait, de la ville, voir cet incendie. La personne qui occupait cette tour, une noble dame, veuve et âgée, fut brûlée vive. Alors s’élevèrent des clameurs sauvages, des cris de rage et d’impétueuse fureur. Le moment d’agir était arrivé[1].

  1. … Il brûla des maisons et des hommes, Il osa brûler une noble dame, une vieille veuve, dans une tour. Une telle cruauté irrita plus les Romains, etc… (Vie de Cola de Rienzi, liv. I, c. xx.)