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Page:Lytton - Rienzi, le dernier des tribuns de Rome, tome 2, 1865.djvu/297

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RIENZI.

taire d’Annibaldi en reconnut tout d’abord la facilité d’exécution. Puis enfin, à la tête de sa légion romaine et accompagné à droite et à gauche des frères de Montréal, Rienzi s’en alla à Rome.

Ce soir-là Montréal donnait un banquet à Pandulfo di Guido et à plusieurs des principaux citoyens qu’il avait déjà sondés l’un après l’autre, et trouvés prêts, au fond du cœur, à trahir la cause du sénateur.

Pandulfo était assis à la droite du chevalier de Saint-Jean, qui lui prodiguait les attentions les plus flatteuses.

« Faites—moi raison de ce vin-ci ; il vient du val de Chiana, près de Monte-Pulciano, disait Montréal : je crois avoir entendu dire à des érudits (vous savez, seigneur Pandulfo, que l’érudition est à la mode aujourd’hui !), que ce cru-là est renommé depuis bien longtemps. La vérité est que le vin a un bouquet à part.

— Je me suis laissé dire, fit observer Bruttini, baron de second ordre (dévoué corps et âme aux Colonna), que sur ce point le fils de l’aubergiste a tiré bon parti de son érudition ; il connait tous les meilleurs crus.

— Comment ! le sénateur serait-il devenu un amateur de la bouteille ? s’écria Montréal en vidant un vaste gobelet, cela doit le rendre moins propre aux affaires, c’est dommage.

— Ce n’est que trop vrai, dit Pandulfo ; il faut qu’un homme placé au timon de l’État soit tempérant ; moi je ne bois jamais de vin pur.

— Ah ! murmura Montréal, si c’était votre calme et judicieux bon sens qui gouvernât Rome, en vérité la métropole de l’Italie pourrait goûter les douceurs de la paix. Signor Vivaldi ( et notre hôte se tournait vers un riche drapier), ces bouleversements-là font beaucoup de tort au commerce.

— Beaucoup, beaucoup, gémit le drapier.