puis les Frangipani et les Savelli, et Giordano Orsini, frère de Rinaldo.
« C’est aujourd’hui qu’il faut que le tyran périsse, dit le vieux baron d’un ton fier et absolu, et que l’étendard des Colonna doit flotter sur le Capitole !
— La bannière de l’Ours ! s’écria Giordano Orsini avec colère. La victoire n’appartiendra pas qu’à vous, monseigneur !
— Notre maison a toujours eu la préséance sur les autres à Rome, répliqua avec hauteur le Colonna.
— Jamais, tant qu’il restera pierre sur pierre des palais des Orsini.
— Arrêtez ! dit Luca di Savelli, n’allez-vous pas vous partager la peau du lion tandis qu’il est encore vivant ? Nous aurons une rude besogne aujourd’hui.
— Mais non, dit le vieux Colonna, Jean de Vico va passer de notre côté avec ses Romains, à la première charge, et quelques-uns des mécontents à l’intérieur ont promis d’ouvrir les portes. Eh bien, coquin (un éclaireur accourait hors d’haleine vers le baron), quelles nouvelles ?
— Les portes sont ouvertes, pas une lance ne brille au haut des murailles.
— Ne vous l’avais-je pas dit, seigneurs ? dit le Colonna en se retournant d’un air triomphant. Je crois que nous allons gagner Rome sans coup férir. Petit-fils, où sont maintenant tes sots présages ? » Ceci s’adressait à Pietro, un de ses petits-fils, l’aîné des fils de Gianni, jeune homme d’une belle tournure, marié depuis moins de deux semaines ; il ne répondit rien. « Mon petit Pietro que voici, continua le baron, parlant à ses camarades, est un mari encore si neuf que, la nuit dernière, il a rêvé de sa jeune femme, et le pauvre garçon y voit un présage.
— Elle était en grand deuil et glissait hors de mes