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RIENZI.


CHAPITRE VII.

Les successeurs d’une révolution qui n’a pas réussi. À qui la faute ?
Est-ce à l’homme abandonné, ou à ceux qui l’abandonnent ?

Le soleil de l’hiver rayonnait gaiement dans les rues de Rome, pendant que l’armée des barons y défilait. En tête marchait le cardinal légat ; à sa droite était le vieux Colonna (Il n’avait plus le ton fier et le port majestueux, mais la tête courbée et le cœur brisé depuis la perte de ses enfants) ; tout près d’eux, on voyait par derrière le sourire poli de Luca Savelli et les sourcils noirs et menaçants de Rinaldo di Orsini. C’était un cortége nombreux mais barbare, composé principalement de mercenaires étrangers ; une procession qui ne ressemblait guère au retour de citoyens exilés ; c’était plutôt une marche d’ennemis envahisseurs.

« Monseigneur Colonna, disait le cardinal légat, un petit homme de mauvaise mine, Français de naissance, et animé des préjugés les plus cruels contre les Romains, qui dans une mission précédente l’avaient très-mal reçu, comme c’était leur habitude à l’égard des ecclésiastiques étrangers ; ce Pépin, que Montréal a envoyé d’après vos ordres, nous a rendu vraiment un grand service. »

Le vieux seigneur salua, mais ne fit aucune réponse : sa forte intelligence était brisée désormais et son œil vitreux annonçait une âme hébétée. Le cardinal murmura : « Il ne m’entend point, la douleur l’a fait tomber en