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RIENZI.

lation la plus dévote d’Italie, n’avaient plus ombre de troupeau !

Le jeune cavalier s’arrêta devant la porte et attendit que, l’office terminé, les moines descendissent par l’escalier de l’église dans la rue.

« Saints pères ! dit-il alors, puis-je vous prier d’avoir la bonté de me dire le chemin le plus court d’ici au couvent Santa Maria dei Pazzi ?

— Mon fils, dit un de ces spectres informes, car ils en avaient l’apparence avec leurs robes semblables à des linceuls et leurs masques étranges, mon fils, passez votre chemin, et Dieu soit avec vous ! Les brigands ou les libertins remplissent maintenant peut-être le saint cloître dont vous parlez. L’abbesse est morte, et plus d’une sœur repose avec elle. Quant aux autres nonnes, elles ont fui l’épidémie. »

Adrien fut sur le point de tomber de cheval ; et, pendant qu’il demeurait encore comme s’il eût pris racine sur la place, la sombre procession défila, faisant retentir d’un ton solennel à travers la rue déserte le chant monastique :

« Par la Mère et le Fils, par le trépas souffert et la miséricorde obtenue ; épargnez-nous, pauvres pécheurs que nous sommes. Miserere, Domine ! »

Revenu de sa stupeur, Adrien rejoignit les religieux, et, pendant qu’ils achevaient leurs litanies, il les accosta de nouveau.

« Saints pères, ne me renvoyez point ainsi. Peut-être pourrai-je encore au couvent apprendre quelque chose sur la personne que je cherche. Dites-moi de quel côté il faut me diriger.

— Ne nous dérangez point, mon fils, dit le moine qui lui avait déjà parlé, malheur à vous, si vous interrompez ainsi les invocations des ministres du ciel.

— Pardon, pardon ! Je ferai ample pénitence, je paye-