Page:Méchin-Desquins - Traduction libre de la cinquième satire de L. Arioste, 1846.djvu/11

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Garde-toi de céder à ces charmes fameux
Qui vont de fête en fête enchanter tous les yeux,
Ou crains que ta moitié, trop belle, trop vantée,
Par de nombreux galants sans cesse tourmentée,
Après mille combats livrés a son honneur,
Pour ta honte, à la fin, ne rencontre un vainqueur.
Ne va pas, effrayé d’une honte douteuse,
Unir à tes destins une femme hideuse
Qui, de ses traits affreux, repoussant les amours,
Sèmerait de tristesse et tes nuits et tes jours.
Qu’entre ce double excès la raison te dirige ;
Fais choix d’une moitié belle, mais sans prodige,
Qui, simple en ses attraits ainsi qu’en ses désirs,
Puisse allier pour toi le repos aux plaisirs.


En vain de mille attraits une vierge est ornée ;
Si, dans ce corps charmant est une âme bornée,
Le Ciel ne l’a pas faite, ami, pour ton bonheur ;
Cherche une autre beauté plus digne de ton cœur.
Ah ! si pour ton malheur une femme imbécile
Quittait de la vertu le sentier difficile,
Bientôt tu la verrais, sans égard pour ton front,
Montrer à tous les yeux sa honte et ton affront.
Plus sage, la beauté qu’un peu d’esprit anime,
Au moins d’un voile épais cherche à couvrir son crime.


Je voudrais que l’objet de tes tendres désirs,
Par un doux enjoûment égayât tes loisirs.
Loin de toi, loin surtout cette femme farouche
Qui, les sourcils froncés et l’offense à la bouche,
Despote domestique, irait régner chez toi.
Que ta douce moitié, docile sous ta loi,