Page:Médicis - Lettres, tome 05, 1574-1577, 1895.djvu/14

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Au lieu de se préparer virilement à la guerre et de se mettre à la tête de ses troupes qui, dans le Dauphiné et en Languedoc, font tête aux protestants, il décrète de mesquines règles d’une nouvelle étiquette et passe son temps à se promener nonchalamment sur la Saône.

Après avoir perdu près de deux mois à Lyon, il en perd encore deux à Avignon, où, à l’étonnement de toute sa cour et de l’Europe, il laisse de côté le manteau royal pour endosser le froc d’un moine.

À son retour d’Avignon, il voit de ses propres yeux ses troupes repoussées à l’assaut donné à Livron, et subit la honte d’être insulté par les énergiques défenseurs de cette bicoque.

Sacré à Reims le 15 février, le lendemain, il épouse Louise de Lorraine. La reine, sa mère, avait pensé pour lui à la fille du roi de Suède. Ce mariage eût peut-être assuré, si ce n’est à lui, du moins à son frère, le duc d’Alençon, la royauté de Pologne ; mais il sacrifie à un caprice ses propres intérêts et ceux de la France.

À sa rentrée à Paris, au lendemain de la mort de la duchesse de Lorraine, sans respect pour la douleur de sa mère, dont elle était la fille chérie, il suit les chasses et donne au Louvre des fêtes, des banquets et des bals ; il laisse ses indignes favoris insulter son frère, le duc d’Alençon, et, à force d’avanies, le forçant à s’enfuir, il déchaîne la guerre civile sur la France. Catherine se met à la poursuite du fugitif ; elle parvient à le rejoindre et négocie avec lui une trêve en attendant la paix ; mais les conditions n’en sont pas tenues, et les Allemands, qui ne guettaient que l’heure de rentrer en France, s’y précipitent de nouveau sous le commandement du prince de Condé et du duc Jean Casimir. Rejoints par le duc d’Alençon et ses troupes, ils marchent sur Paris.

Et c’est encore Catherine qui va au devant d’eux et qui, pour arrêter leur marche, conclut le traité désastreux de Beaulieu.

Une rançon exorbitante a été imposée à la France ; le trésor est vide ; il faut à tout prix trouver les sommes suffisantes pour faire sortir de nos provinces ces reîtres qui les ruinent.

Alors apparaît l’un de ces aventuriers, comme on en rencontre aux époques troublées et besoigneuses ; il se nommait Castelas. Lui et son associé, Raphaël