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A. MEILLET


certaine par les formes telles que skr. pitúḥ. Il y a ici une consonne finale, et ne pouvait être prononcé comme voyelle devant voyelle. On peut admettre que *-r̥ž, qui est le traitement devant sonore suivante jointe dans la prononciation, aurait abouti à *-r̥r, et qu’on aurait été ramené ainsi au cas de *-r̥r final ; mais d’abord ce n’est qu’une hypothèse ; et surtout on n’a aucune raison d’admettre que le traitement devant sonore ait été généralisé dans ce cas particulier, alors qu’il ne l’est jamais par ailleurs : ce qui caractérise le sanskrit, c’est précisément l’absence de ces normalisations de l’un des types de la phonétique syntactique.

b) Même pour le cas de *-r̥ final, on n’a aucune raison d’admettre que la forme prise par *-r̥ devant une voyelle suivante aurait été généralisée, aux dépens de la forme pausale qui a, pour le sentiment linguistique des sujets parlants, une importance particulière, et aux dépens des formes employées devant consonne initiale, qui sont en indo-iranien de beaucoup les plus nombreuses. On admet souvent, il est vrai, que les nasales voyelles auraient à la finale indo-iranienne le traitement de nasale voyelle devant voyelle dans deux cas : dans les accusatifs singuliers en -am tels que skr. pā́dam en regard du gr. πόδα, et dans les premières personnes secondaires, telles que skr. -sam à l’aoriste en regard de gr. -σα. Mais on voit immédiatement que ce traitement apparaît seulement là où il fournit le moyen de restaurer une désinence connue par ailleurs (ainsi dans l’acc. sing. áçvam, sūnúm, etc., et dans la 1re pers. ábharam, vádhīm, etc.) ; le rôle de l’analogie est donc décisif ici ; la seule question qu’on puisse se poser est de savoir si l’analogie a tout fait et si on lui doit entièrement l’addition indo-iranienne de -m à d’anciens pāda, *-sa : gr. πόδα, -σα, ou si l’analogie a simplement déterminé la généralisation indo-iranienne de la forme prise par *-m̥ devant voyelle initiale d’un mot suivant dans la phrase. Quoi qu’il en soit, on n’a jamais que -a, et non -an et -am, là où l’analogie n’est pas intervenue ; ainsi dans les noms de nombre skr. saptá, zd hapta = lat. septem, gr. ἑπτά, ou dans skr. nā́ma, zd nąma =