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IJO L EPOPEE

nances, celle en ^' ' ; elle est d'ailleurs écrite avec une hâte et une négligence qui trahissent le manœuvre, pressé d'en finir- : les événements y sont à peine esquissés; mais ce n'est pas tout : elle ne continue pas bien le poème précédent. Je ne parle -pas d'un trait qui n'est actuellement que dans la saga, et qui a dû se trouver dans le poème français, celui d'un certain marchand Thomas, envoyé par Julien de Saint-Gilles, père d'Elie, à la recherche de son fils, et qui ne reparaît pas dans notre dénoue- ment, qu'il devait certainement amener ; son rôle est joué par un pèlerin appelé Godefroi, qui est introduit dans le récit de la façon la plus invraisemblable. Mais, aux vers 1641 et suivants, Rosamonde révèle à Elle qu'elle garde cachés quatre cents chevaliers français que son père croit morts, et qui pourront secourir Elle quand il en aura besoin : il est clair que ces pri- sonniers devaient sortir de leur retraite à la fin du poème et secourir effectivement notre héros ; or il n'est plus question d'eux 5. D'autres indices encore nous montrent cette dernière laisse comme l'œuvre d'un continuateur : dans la première partie du poème, nous voyons mentionnés quatre héros bien connus de la geste de Narbonne, Guillaume, Ernaud de Gironde, Bernard de Brusban et son fils Bertrand ; dans la dernière laisse, nous trouvons en outre, non seulement Aimeri de Narbonne lui-même, avec ses autres fils, Aïmer le chétif, Beuvon de Co- marchis, Garin d'Anseùne, mais encore Rainewart « au tinel », personnage inconnu avant la chanson d'Alcschaus et qui lui est sûrement emprunté. L'archevêque de Keims^ qui n'est pas nommé, mais qui est sans doute Turpin, n'est introduit parmi les combattants qui vont à Sorbrie secourir Elie que pour pou- voir intervenir à la fin dans la scène de l'empêchement cano- nique. Enfin, comme l'ont remarqué les deux éditeurs, quelques paroles d'Elie, par lesquelles se termine la traduction norvé- gienne, annoncent un dénouement autre que celui de notre manuscrit. Nous avons donc à reconnaître dans la dernière laisse

��1. Voy. ce que dit à ce propos M. Raynaud, pp. xi, xli.

2. L'hémistiche la ne pourrons Jz/nv n'est pas répété moins de trois fois en peu de vers ; Elie i]ii\i Saint Gilles fn ncs cinq fois, etc.

3. M. Fôrstei explique autrement cette contradiction.

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