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i44 l'épopée

de dix. Quoi qu'il en soit, cette revision, si elle a eu lieu, n'a atteint l'ouvrage que tout à fait à la surfoce, et je pense avec M. Meyer qu'il n'y a rien dans le poème « qui offre d'une manière décisive le caractère d'un remaniement ».

Le sujet de Daurel et Betoii est banal dans son ensemble et original en un trait caractéristique. Le duc Bovon d'Antone est tué en trahison par son « compagnon » Gui d'Aspremont, amoureux de sa femme Ermenjard, sœur de Charlemagne. Malgré les soupçons trop justifiés d'Ermenjard, Charlemagne, acheté par les présents de Gui, lui donne le fief et la veuve de Bovon. Gui ne sera tranquille que s'il fait périr Béton, le fils qui vient de naître à Bovon ; il essaie de s'en emparer. La duchesse fait transporter l'enfant dans un asile où il est décou- vert ; mais un fidèle vassal du duc, Daurel, le dérobe à Gui et, contraint de le livrer, donne en sa place son propre fils, dont le traître, à la vue du père, écrase la tête sur un pilier. Trans- porté par son ami dévoué dans un pays lointain. Béton y est élevé à la cour du roi ; arrivé à l'adolescence, il efface tous ceux de son âge en beauté, en prouesse et en qualités de tout genre. Il apprend de celui qui l'a sauvé sa véritable origine, revient en France, punit le meurtrier de son père, console sa mère, qui n'a jamais accepté le sort qu'on lui a imposé, récompense Daurel, autant que cela peut se faire, de son sublime dévoue- ment, et demande à Charlemagne réparation de ses torts. Notre manuscrit s'arrête là : que l'empereur se réconciliât avec son neveu sans guerre ou après une guerre, le récit finissait à coup sûr en nous montrant Béton jouissant, avec sa femme, fille du roi chez lequel il a été élevé, des terres et des honneurs du père qu'il a vengé.

Les éléments de ce récit se retrouvent à peu près tous ailleurs. Le jeune homme inconnu qui, chassé par un malheur quelconque de son pays, grandit à la cour d'un roi étranger, s'y distingue par ses exploits, se fait aimer de la fille du roi ', et revient, d'ordinaire avec l'aide de ce roi, tirer vengeance de ses ennemis, est un thème fréquent dans notre épopée : nous

��I . Ce côté du récit est à peine indiqué dans Beioii, rédaction presque tou- jours hâtive et écourtée des thèmes antérieurs.

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