Page:Mélanges de littérature française du moyen âge.djvu/227

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Le nom du conquérant de Narbonne a aussi passé de bonne heure à l’étranger avec l'addition de l'n initiale. En Italie, il est toujours appelé Amerigo 1 ; mais les Nerbonesi contiennent toute une histoire, inconnue aux sources françaises, dont le héros est Namerighetto, petit-fils d’Aimeri de Narbonne-. Il est clair que ce fils de Guibert d’Andrenas avait reçu ce nom en l’honneur de son grand-père, et que Andréa da Barberino le connaissait par un poème, — perdu pour nous, — où il était appelé Naimeriet : Andréa n’a pas reconnu le rapport de ce nom avec celui d’Amerigo.

Il est d’ailleurs un autre nom, appartenant également au cycle de Narbonne, qui nous apparaît en Italie soudé avec l’n honorifique : c’est celui du sixième fils d’Aimeri, Aïmer le Chétif, qui dans tous les textes italiens est appelé Namiero ou Namieri. Or ce nom doit avoir passé bien anciennement en Italie, puisqu’on trouve, dès 1150, à Venise, un Naimcrim adulte, un Nayniero en 1169, un Naimerius un peu après à Lorette, et un Naluicriiis Q.. Naimerius) à Padoue en 1180’. Aïmer, sous le nom de Naiiiieri, est dans les Nerbonesi le héros de beaucoup

��Italie A"in’;//t’;7V5 : voy. O. Schultz, Zeitsclir. f. roiii. Pbil., t. XVIII, p. 126, note. M. Schultz cite d’ailleurs d’autres cas où il semble bien qu’au Midi même on ait pris l'n honorifique pour une partie intégrale du nom : Nanianl, Kasar, Xcsteve; le troubadour At de Mons a cru lui-même sans doute s’appeler aussi bien Nat. — Par une méprise inverse, les Méridionaux ont pu prendre l’n initiale d’un nom propre septentrional pour la particule honorifique : ainsi le traducteur des Gesta Karoli ad Carcassonam et Nai-honaiu paraît avoir décomposé le nom de Naimon de Bavière en n Aimon.

1. On sait quelle fortune a faite ce nom, qui en Italie provient certainement de nos poèmes, et qui, porté par le Florentin Amerigo Vespucci, a donné son nom au continent découvert par Christophe Colomb.

2. L. III, c. m (éd. Isola, I, 285); 1. VI, c. xi (II, 18), et souvent depuis lors.

5. Voy. P. Rajna, Rowania, t. XVIII, p. 51. M. Rajna montre un scrupule vraiment excessif en faisant quelque réserve sur l’identité de ce nom avec celui à’ Aimer, Naïmer. Il remarque, d’ailleurs, que dans son livre sur les origines des familles padouanes, écrit vers 1330, Giovanni de Nono cite deux fois, au milieu de héros du cycle narbonnais, un Xay)>ierius qui est évidem- ment .Aimer le fils d’.\imeri (c(. Ronianiu, IV, 175).

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