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230 LE ROMAN

lier lin lio)i) en 1887, Enr en 1890, et enfin Laiicclot (Je Chevalier de la charrette) et Gui lia unie d'Afigkterre ' en 1899. Toutes ces éditions sont le fruit d'un travail considérable et d'une préparation peu commune : le texte est établi sur la comparaison méthodique de tous les manuscrits et suivi de précieuses remarques explicatives ; chaque volume est accom- pagné d'une introduction plus ou moins ample, où sont examinées toutes les questions que soulèvent les poèmes : l'histoire de la « matière de Bretagne », à laquelle appartiennent les poèmes les plus importants, y est notamment l'objet de recherches approfondies, dirigées par des vues très personnelles, qui ont donné et donneront encore lieu à de vives discussions. L'ensemble de cette publication est un véritable monument, pour lequel on ne saurait témoigner trop de reconnaissance à celui qui l'a élevé avec tant de peine, de soin et d'amour. Car c'est un véritable amour que le savant éditeur éprouve pour l'auteur avec lequel il a vécu de si longues années. Il lui assigne dans la poésie française du xii siècle non seulement le premier rang, mais une place unique, où il l'élève bien au-dessus de tous ses rivaux. Partout où il rencontre une coïncidence entre Chrétien et quelque contemporain, il n'admet ni que Chrétien ait pu imiter l'autre, ni que tous deux aient pu imiter un modèle commun. Chrétien a tout inventé de ses poèmes, sujet, idées, style ; ou du moins, si on ne peut nier qu'il ait pris le

��chanson en question comme n'étant certainement pas de Gace ; elle doit être de Chrétien (elle est intéressante par les idées qu'elle exprime et par la mention de Tristan); pour la première (R. 121), je crois aussi la paternité de Chrétien très probable ; il est vrai que, conservée dans les deux chansonniers de Saint- Germain et de Berne, elle ne porte le nom de Chrétien que dans le second, dont les attributions ont en général peu de valeur, mais cette attribution peut avoir une très bonne source. On a déjà ûiit remarquer que cette chan- son contient sur l'amour les idées mêmes qu'on retrouve dans le Oh'valier de la charrelle.

I. Je ne suis pas convaincu, malgré les arguments de M. Fôrster, que l'au- teur de ce poème, — qui s'appelait Chrétien, — soit Chrétien de Troies. C'est par estime pour notre auteur que j'hésite à lui attribuer une œuvre aussi faible, aussi mal composée, et, disons-le, aussi absurde.

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