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270 LE ROMAN

fois pour les armes et pour les lettres ', qui mérite assurément, se produisant au xii^ siècle, d'attirer l'attention. L'idée ne doit pas être de Chrétien : elle sent son latin ; elle a dû naître et' se formuler parmi les clercs parisiens. Il serait précieux de savoir à quelle époque elle remonte ; mais mes recherches et celles de plusieurs savants auxquels j'ai fait appel n'ont abouti à aucun résultat ^ J'avais remarqué depuis longtemps la similitude du passage de CJigès avec la fin du prologue des Chroniques de Saint- Denis, et j'avais cru que la source de Chrétien se trouverait dans l'original latin de ce prologue, c'est-à-dire dans Aimoin; mais il n'en est pas ainsi : la fin du prologue des Chroniques^ qui nous intéresse seule ici, n'est pas dans Aimoin et paraît être l'œuvre du rédacteur français. Aimoin fait déjà un grand éloge de la France, « dame des autres nations «, et assure qu'elle doit surtout cette suprématie à sa grande foi. Le rédacteur fran- çais continue en développant d'abord la même idée, puis allègue, pour expliquer ce privilège de la France, deux autres raisons, dont la première est le patronage de saint Denis :

La seconde raison si peut estre tele que la fontaine de clergie, par qui sainte église est soutenue et enluminée, fleurist a Paris. Et, comme aucun veulent

��1 . On peut rapprocher du passage de Chrétien le début d'Jibis et Porphi- rias ; seulement Alexandre, se plaçant à l'époque où Rome était maîtresse du monde, lui attribue la chevalerie, tandis qu'Athènes est le siège de la clergie ; il dit, — ce qui est assez d'accord avec la réalité, — que les Romains en- voyaient leurs fils à Athènes pour apprendre la clergie (il ajoute, ce qui est moins exact, que les Athéniens, en revanche, envoyaient leurs fils à Rome pour apprendre la chevalerie').

2. M. L. DeUsle a bien voulu me communiquer un curieux passage de V Historia figuralis de Gérard d'Auvergne, dédiée au pape Grégoire X (1271- 1276). Il se trouve dans le chapitre intitulé : De Y rené iviperairice cuiii filio siio Coiistantino, où Gérard a inséré une histoire légendaire de la fondation de l'Université de Paris. Il dit en parlant d'Alcuin : Iste Brilo, scientia vitaqiie preclarns, qui et sapieiitie slndiuiii de Rovia Parisius Iranstiilit, guod illiic quon- daiii a Grecia iranslatiis fiierai a Romanis (Ms. B. N. n. acq. lat. 181 1, fol. 77). Cette idée de la translation de la science d'Athènes à Rome et de Rome à Paris circulait évidemment parmi les clercs parisiens ; mais on n'a ici que la moitié de la formule de Chrétien. .

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