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26 LITTÉRATURE FRANÇAISE AU MOYEN AGE

sion quelques chansons épico-lyriques ' ou lyriques - qui lui semblent être en elles-mêmes très anciennes et conserver encore le caractère des chansons primitives.

II. L'épopée nationale (p. 16-5 5). — C'est pour ce chapitre surtout qu'on pourrait trouver que la relation de la poésie avec la vie nationale n'est pas suffisamment mise en lumière. La production de l'épopée, surtout à l'époque de sa grande activité, tient à des conditions sociales, à un état des mœurs et des sen- timents qui auraient pu être indiqués d'une façon plus frap- pante et plus particulière. Pris en lui-même, le tableau que M. Suchier fait de l'évolution de l'épopée laisse aussi quelque peu à désirer : on aurait souhaité y trouver mieux marqués les traits qui distinguent l'épopée française de celle des autres nations, tant dans le fond que dans la forme. Cette création si puissante, si originale et si caractéristique du génie français aurait eu le droit, semble-t-il, d'occuper plus de quarante pages dans une exposition qui en occupe trois cent huit. Mais ces réserves ne portent que sur ce qui manque à ce chapitre; ce qui s'y trouve est excellent, souvent nouveau et toujours très bien présenté.

M. Suchier pense, comme M. Rajna et comme moi, que l'épopée française est d'origine germanique. Sur la question de savoir si dès l'époque mérovingienne il a existé une épopée romane, il se montre un peu hésitant, mais en somme il semble pencher pour l'affirmative '. Je crois, toutefois, qu'il fait une

��1. L'auteur est porté à voir dans la qualité/Z/c (reiiipen'ur donnée à Erem- bou!g, fille du roi, dans la chanson de Raiiiainl, la preuve que cette chanson remonte à l'époque où les rois de France étaient empereurs, c'est-à-dire au ixe siècle. C'est très fin, mais un peu subtil; en tout cas M. Suchier aurait dû alors dans sa traduction mettre Kaiserstochtcr et non Kônigstochter [cf. ci-des- sous, p. 70, n i].

2. M. Suchier traduit ainsi le fameux refrain provençal de Wûha latine (parodie religieuse des alhas amoureuses) du yfi siècle : Der Morgenschein lockt jenseits des feuchten Meeres die Sonne heruiif. DenHûgel ùberschreitd sic schielend. Sieh, das Diinkel ist aufgebellt !

3. Ce qu'il dit (p. 18-19) '^^ fameux fragment épique sur la guerre de Clo- taire en Saxe demanderait une longue discussion.

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