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Page:Mélanges de littérature française du moyen âge.djvu/322

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3l8 LE ROMAN

lui préparait et tire de la perfide épouse et de son complice une éclatante vengeance. Je donnerai une idée de ces deux groupes de versions.

I. Versions slaves. — Ce sont des bylines ' russes ou des récits en prose provenant de bylines, un conte petit-russien, un conte serbe. Le conte petit-russien a seul conservé la forme première, où la femme fait simplement la morte ; dans les autres variantes, elle prend, — soit volontairement, soit à son insu, — un breu- vage ou une herbe qui lui donne l'apparence de la mort. Salo- mon, qui a des doutes, fait verser de l'or fondu dans la main ou dans les mains ^ de la prétendue morte ; mais elle ne donne aucun signe de vie. Les émissaires de (Por) Pharaon la tirent du sépulcre et la conduisent chez leur maître. Plus tard, un émissaire envoyé par Salomon à sa recherche la reconnaît à sa main percée (ou à ses mains percées) ^ Salomon, déguisé, se

��1. On sait qu'on appelle ainsi les vieilles chansons épiques composées jadis dans la Russie méridionale et recueillies de nos jours dans la bouche des paysans de la Russie du nord.

2. Cette variante se retrouve dans les versions françaises : Marques a es paumes, Martin Le Franc en la main. Dans le conte petit-russien, cette épreuve est un peu modifiée : on perce d'un fer rouge les mains de la fausse morte ; dans le conte serbe, l'altération est plus grande encore : ou lui coupe un doigt. Dans une variante russe tout cet épisode a même disparu : un magi- cien, envoyé par Kitovras, frère de Salomon, qui, par suite d'une confusion (ce Kitovras, dont le nom répond au grec K£vt«u&oç, n'est, en réalité, à sa place que comme représentant le démon Asmodée dans un autre conte sur Salomon dont je parlerai plus loin), a remplacé Pharaon, répand sur toute la cour de Salomon comme sur la reine un sommeil à la faveur duquel il l'en- lève. Dans une autre variante, le changement est plus grand encore : le roi étranger fait enlever la femme de Salomon par des envoyés qui l'attirent sur un vaisseau (une trace de l'ancienne forme subsiste dans le fait qu'elle s'y endort). — Dans les chansons Scandinaves dont il sera parlé plus loin, il sub- siste un autre vestige de l'ancienne légende : avant la mort apparente (dont ici la femme n'est pas complice) le roi avait marqué la main de sa femme d'une croix d'or, qui lui sert plus tard à la reconnaître.

3 . Il s'était équipé en colporteur et vendait surtout de beaux gants : c'est en les essayant que la reine, — comme il s'y attendait, — laisse voir ses mains percées.

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