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��LE ROMAN

��ressemblent de près à ceux de la forme slave. La reine reçoit de (Fore) Pharaon une herbe qui l'endort et lui dbnne l'appa- rence de la mort. Morolf, soupçonnant la ruse, lui verse, mais en vain, de l'or fondu dans le creux de la main. Plus tard il parcourt le monde pour la retrouver, et la reconnaît à sa main percée '. Salomon vient la chercher, manque périr par sa trahi- son ^, et échappe à la mort comme dans la version slave % la femme perfide et son complice sont punis 4.

La deuxième partie du récit byzantin (slavo-allemand) se retrouve isolément, attribuée à divers personnages, dans plu- sieurs littératures européennes ^ : en France, dans le roman du Bâtard de Bouillon, branche d'un immense poème cyclique du xiV^ siècle sur les croisades ^ ; en Portugal, dans une curieuse légende remontant au moins au xiii" siècle, dont on a diverses

��tion du nom de Marcolf, héros de récits fort anciens qui le mettent en rap- port avec Salomon. 'Dans B seulement, Morolf est le frère de Salomon, ce qui paraît un trait ancien (cf. Vogt, p. lv), mais il n'a pas pris par surcroît, comme Kitovras dans certaines hyîiiies, le rôle de ravisseur.

1. On remarque dans B une évidente altération, — d'un caractère d'ailleurs bien populaire, — du motif, conservé en russe, dont j'ai parlé plus haut : Morolf remarque que la femme de Fore a toujours les mains gantées; il trouve moyen de lui faire lever la main percée contre le soleil et voit un rayon pas- ser à travers la paume. Cet incident est d'ailleurs ici inutile, Morolf connais- sant déjà fort bien la reine.

2. Dans les poèmes allemands, comme dans les versions russes, la reine déclare dès l'abord à Salomon qu'elle va le livrer à son mari . Cette forme du récit paraît donc remonter à la source commune ; mais la forme des versions occidentales, où la reine feint d'accueillir son époux avec joie et le cache soi- disant pour le mettre en sûreté, est sans doute plus authentique.

3. Dans B, c'est une armée d'anges qui vient à son secours (cf. ci-dessous, p. 323, n. i).

4. Encore ici, il y a certains traits qui rapprochent les poèmes allemands des hylines.

5. Sans parler du poème allemand de Rotber, où le motif est très altéré.

6. Sur ce poème cyclique, \o\x Journal des Savants, 1893, p. 288 [art. de G. Paris sur la Légende de Saladin].

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