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CLIGÈS 321

formes et dont le héros est le roi de Léon Ramiro II (f 950) ' ; en Ecosse, sous une forme très altérée, dans la ballade de John Thompson ^ — Dans le Salomon et MorolfB, dans une légende polonaise et ailleurs, cette seconde partie s'est combinée avec un autre thème qu'on désigne souvent par le nom de « cycle de Raso » ', où un mari, dont la femme a été enlevée, et qui l'a rejointe, est également trahi par elle et menacé de mort, et la" tue a^nsi que le ravisseur, toutefois dans d'autres condi- tions et sans l'épisode de l'exécution imminente et de l'appel du cor +.

Ainsi le sujet du roman byzantin, qui est reproduit intégra- lement dans les versions slaves et allemandes, se présente dans d'autres littératures, surtout romanes, réduit tantôt à la pre- mière, tantôt à la seconde des deux parties dont il se compose. Cependant les deux parties du récit sont, dans ce roman, très ingénieusement liées par le trait de la main percée, qui, dans la première partie, sert à éprouver la force de volonté de la femme et, dans la seconde, sert à la faire reconnaître. Les ver- sions slaves et allemandes s'accordent d'ailleurs à appeler le mari trompé, puis vengé, Salomon, comme le conte connu au xii^ siècle par Chrétien et par l'auteur d'Elie de Saint-Gilles ; il faut admettre que le récit byzantin contenait bien les deux par- ties et rapportait l'histoire à Salomon. Mais cela n'empêche pas que la seconde partie, qui touche de près, comme on l'a vu, au

��1. Voir Romania, t. IX, p. 437. C'est M. Baist (Zeitschrift fur romanische Philologie, t. V, p. 173) qui a identifié le roi Ramiro de la légende.

2. Child, op. cit., n° 266.

3. Parce que l'histoire est racontée par Walter Map d'un certain Raso (voir sur ce cycle Liebrecht, Zur Volkskunde, p. 39).

4. A son tour le cycle de Raso touche de prés à un conte indien, la Femme ingrate, où une femme que son mari a sauvée de la mort par un admirable dévouement (ou même ressuscitée en lui cédant la moitié de sa propre vie) le trahit, veut le faire périr et est punie (j'ai fait de ce conte et de ses variantes l'objet d'une étude qui paraîtra prochainement [Die tindanlihare Gattin, von G. Paris, Zeitsch. des Vereins fi'tr Volkskunde in Berlin, 1903]). Il serait impossible de suivre ici cet enchevêtrement, souvent inextricable, de récits apparentés par l'esprit qui leur a donné naissance.

G. Paris. — Moyen âge. 21

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