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��LE ROMAN

��le poème original a été composé en Angleterre \ Ainsi la litté- rature anglo-normande, qui, dans le genre auquel appartient Amadas, possédait déjà, à notre connaissance, le Tristan de Thomas % le roman encore inédit de Waldef, Gui de Wariuick, et les deux remarquables ouvrages de Huon de RotelafWe, Ipo- medon et Protesilaus, peut également revendiquer Amadas et Idoine. Cela fera plaisir, je l'espère, au fondateur de YEarly English Text Society, et le consolera un peu de la perte pro- bable d'une traduction anglaise de ce poème.

L'acquisition est loin en effet d'être sans valeur : le roman à' Amadas est une œuvre du xii^ siècle ' originale et intéressante par bien des côtés; il a notamment l'honneur d'avoir introduit dans la poésie, à peu près en même temps que Chrétien de Troies ^, le motif de la folie où tombe le héros sous l'empire

��1837-8, 1847-50 (avec la cheville ce m'est avis), 1869-72 {ce est ta sotime); notez aussi les omissions. Il faut cependant reconnaître que le remanieur a généralement accompli sa tâche avec habileté.

1. Si les allusions anglo-normandes ou anglaises se réfèrent naturelle- ment au poème anglo-normand ou à sa version anglaise, le remaniement artésien a joui aussi d'un certain succès. On doit sans doute y rapporter les deux allusions de Gautier d'Aupais (éd. Michel, p. 4 et p. 7, où il faut lire Ydoine au lieu de preudomme) et la traduction néerlandaise perdue (voyez J. te Winkel, Geschiedenis der nederl. Letterkunde, Haarlem, 1887, I, 208).

2. L'auteur d'Amadas, qui nomme plusieurs fois Tristan et Iseut, les connaissait sans doute par le poème de Thomas : son prologue paraît imité du délicieux épilogue du Tristan.

5. M. Grôber ne veut pas reculer Amadas au delà du premier quart du xiiie siècle ; mais la citation du Donnci des Aman\ et la date du ms. de Gôttingen parlent contre cette opinion. Le savant auteur a commis une inad- vertance assez singulière en écrivant (G;-WH(frî55 der roman. Phitot., II, i, 531): «In Berol's Tristan, S. 65-66, erscheinen zwar Amadas und Idoine schon selbst als ein Liebespaar, mit dem exemplifiziert werden kann >> ; ce ii'est pas dans le Tristan de Béroul: c'est dans le Doniiei des Aman:^, cité par Fr. Michel à la p. lxv du t. I de son édition des fragments de Tristan, que sont allégués Amadas et Idoine ; M. Grôber, qui le sait parfaitement, a fait ici une confusion dans ses notes.

4. Il n'est pas probable que notre poète l'ait emprunté à Chrétien, car il

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