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38 LITTERATURE FRANÇAISE AU MOYEN AGE

de la poésie épique et lyrique) à la première composition et notation de poésies françaises l'usage déjà établi pour des poé- sies allemandes ; sur l'emprunt fait par le Midi (Passion du Christ, Vie de Saint Léger) de poèmes écrits au Nord; sur le rapport de la littérature vulgaire avec la littérature latine (p. 104), etc. — L'auteur voit (p. loi) dans la Passion une allusion aux terreurs de l'an mille; mais on sait que ces ter- reurs, si elles ont même existé, ont été fort exagérées par une légende érudite. — Je ne suis pas bien convaincu, malgré la belle démonstration que M. Suchier en a essayée il y a long- temps, que le dialecte du Saint Léger soit wallon. — Parmi les « plus anciens monuments ». M. Suchier range le Saint Alexis, qu'il attribue sans hésiter (et je ne l'en blâme pas) à Tibaud de Vernon, le fragment du petit poème imité du Cantique des Cantiques (que je n'oserais pas faire remonter si haut), et V Alexandre dauphinois d'Albéric ', qu'il a été obligé de mettre là, bien qu'il n'appartienne pas au domaine français.

V. L'époque du royaume anglo-normand (1066-1204) (p. 105- i6é). — La période à laquelle ce chapitre est consacré est la plus brillante de notre ancienne littérature ; aussi M. Suchier l'a-t-il traitée avec le soin et le détail qu'elle mérite. Le tableau qu'il en trace apparaît toutefois assez incomplet, par le fait qu'il en retranche, et, d'après son plan, la poésie épique, traitée à part, la littérature méridionale et le théâtre, et, ce qui n'était pas indiqué, la poésie lyrique et le Roman de Renard, dont cependant les plus brillants représentants ou les meilleures branches appartiennent à cette période ; en revanche, il a cru devoir y comprendre les grands romans en prose du cycle arthurien, dont il est peu probable, à mon avis, qu'aucun ait été écrit avant 1204. D'autre part, il a divisé son tableau, pour la poésie, en deux doubles compartiments, comprenant « la

��I. M. Suchier suppose ingénieusement que l'idée de chanter Alexandre en rcman eut pour origine le mariage du roi Henri 1er avec une princesse russe qu'on supposait descendre d'Alexandre (ce qui fit donner à son fils le nom de Philippe). Mais rien dans le début du poème n'indique une pareille préoccu- pation, et il faut remarquer que le Dauphiné, à cette époque, relevait de l'Empire et non de la couronne de France.

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