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Page:Mélanges de littérature française du moyen âge.djvu/52

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48 LITTÉRATURE FRANÇAISE AU MOYEN AGE

mission orale, à l'original byzantin » (p. 154). Je crois avoir démontré ' que cette rédaction repose en effet sur une transmis- sion orale, mais représente une fusion des versiotis I et III : l'épisode du combat judiciaire de Floire, qu'elle a en commun avec III, empêche de croire qu'elle remonte indépendamment à l'original. M. Suchier qualifie cet original de « byzantin » ; mais il ajoute : « On a récemment rendu vraisemblable l'ori- gine arabe de ce récit. » On ne voit pas dès lors à quoi bon admettre un intermédiaire byzantin. — A propos des Scpl Sages (p. i)^), signalons l'ingénieuse idée d'après laquelle le livre indien qui en est la lointaine source repose peut-être, pour l'histoire qui sert de cadre, « sur la légende grecque de Phèdre, que, d'après Pausanias, connaissaient des Barbares sachant le grec ». Toutefois il n'y a de commun entre les deux thèmes que l'amour d'une reine pour son beau-fils et la calomnie par laquelle elle se venge d'avoir été rebutée par lui, et c'est là une aventure qui a dû se produire si souvent dans les harems orien- taux qu'il n'est pas besoin de penser à un emprunt. — Je ne connais pas les raisons qu'a M. Suchier pour penser que le roman de Gilles de Cbin a été composé « avant la fin du XII siècle »(p. 156). — Si, comme M. Servois semble bien l'avoir démontré, Guillaume de Dole a été écrit en 1200, il l'a été non « tout au commencement du xiii^ siècle » (p. 156), mais tout à la fin du XII^ M. Suchier n'est pas, je pense, de ceux qui font commencer chaque siècle avec la dernière année du siècle pré- cédent, ce qui obligerait à croire que le premier siècle a compté une année o.

La poésie religieuse et morale est traitée plus brièvement. L'auteur n'attribue que « sous toutes réserves » à cette pé- riode (p. 156) Herman de Valenciennes ; mais l'allusion même que fait ce poète remarquable à la mort de Henri II (11 89) comme à un fait tout récent prouve qu'il écrivait nu xii'^^ siècle. — Il me paraît indiqué de traiter ensemble Elinand et le Reclus de Molliens, dont on ne peut dire avec certitude lequel a servi de modèle à l'autre. M. Suchier met le premier (p. 157) dans cette période, le second (p. 214) dans la suivante. Ehnand étant

��I. Kouianiii, t. XXVIII, p. 444.

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