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56 LITTÉRATURE FRANÇAISE AU MOYEN AGE

reprendre présentement l'examen des problèmes sur lesquels elles portent. Je répéterai seulement que je regarde la fable ésopique de la maladie du lion non comme le noyau central de tout le cycle, mais comme un élément adventice et d'introduction relativement peu ancienne : les contes d'ani- maux qui forment le vrai fond de Vestoire, ainsi que les noms typiques d'Isengrin et de Renard, n'ont rien à faire, à l'origine, avec les fables ésopiques quelles qu'elles soient. Je croyais avoir démontré que, dans l'histoire du viol, c'est l'ourse quia été substituée à la louve et non l'inverse; qu'il en est de même dans le conte de la pêche ', et que le caractère « étio- logique « de la version Scandinave de ce conte, loin d'attester cette version comme primitive, montre au contraire qu'elle a été remaniée ; je croyais avoir établi, d'accord avec M. Sudre, quelques points encore : je me trompais, puisque je n'ai pas convaincu un juge aussi impartial et aussi compétent que l'est M. Suchier; à d'autres de décider lequel de nous est dans le vrai^ Les fables françaises du moyen âge ne présentent guère d'in- térêt ', sauf celles de Marie de France, à cause de leur source anglaise perdue ^ M. Suchier en a dit ce qu'il y avait à dire 5 .

��1. M. Suchier dit que ce conte est très répandu dans le Nord de l'Europe (p. 199) ; mais il ne l'est pas moins ailleurs et notamment en France.

2. « Que la Lorraine ait pris une part essentielle à la poésie animale, c'est ce que l'on peut sans doute conclure du fait que pinte est la forme lorraine pour picta et que la poule s'appelle Pinte (la bariolée) même dans les branches qui n'ont sûrement pas été composées en Lorraine. » (P. 195.) Voilà bien un des plus jolis échantillons de la savante ingéniosité de l'autelir ; mais l'argu- ment est-il aussi solide qu'il est séduisant ? En admettant (ce qui ne me paraît pas démontré) que pinte pour peinte soit une forme lorraine, rien ne prouve que le nom Pinte veuille dire peinte, et Pinte ne figure que dans des branches d'un caractère certainement très peu ancien, en sorte que son nom ne sau- rait appuyer l'origine lorraine, probable d'ailleurs à mon avis, mais lointaine, du cycle.

3. L'auteur signale (p. 202) et même exagère un peu celui qu'elles peuvent avoir.

4. M. Suchier d'accord avec M. Warnke ne doute pas que les fables de Marie ne soient la source du recueil latin qu'on appelle « le Romulus agrandi » : j'ai déjà fait plus d'une fois mes réserves sur ce point.

5. M. Suchier croit admissible l'hvpothèse d'Hervieux sur l'auteur de

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