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62 LITTÉRATURE FRANÇAISE AU MOYEN AGE

royalistes. D'autre part, la section 4, La prose dans le nyyaiuiic de France, se trouve singulièrement mutilée par le fait que les grands historiens, — comme Jean Le Bel, Froissart, Chastel- lain, Commynes, — sont étudiés dans d'autres sections, et on ne voit pas pourquoi Monstrelct, qui devait rentrer dans le groupe bourguignon, est au contraire assigné à cette section. La dernière section, qui embrasse l'ensemble de la littérature de 1475 à 15 15, comprend la lin de l'école bourguignonne et ses représentants peut-être les plus caractéristiques et les plus nettement distincts du groupe français. Dans le corps même des sections, l'ordre chronologique n'est pas suffisamment observé, et la façon un peu désultoire de traiter le sujet, que j'ai déjà signalée, se montre d'une manière parfois assez fâcheuse. Il est choquant, par exemple, de voir Alain Charrier figurer après Villon, qui n'était sans doute pas né quand Alain mourut et sur lequel celui-ci a exercé une incontestable influence. Au reste, la place faite à Alain Chartier n'est pas assez grande : comme narrateur et comme poète, il a dominé son époque et celle qui a suivi autant que Jean de Meun, plus que Machaut; il méritait, comme celui-ci, d'être placé en vedette en tête d'une section. A mon sens, la division la plus naturelle de cette longue période aurait été la suivante : i. Mâchant et son école poéliqne (y compris Christine de Pisan) ; 2. Alain Chartier et la poésie dn xv^ siècle; 3. Le groupe bourguignon {conâuii p-AV Chastellain et poursuivi jusqu'à Jean Le Maire) ; 4. L'histoire de Jean Le Bel à Commynes (avec une introduction pour les œuvres, de peu de valeur littéraire, antérieures à Jean Le Bel).

Malgré ces réserves, il faut dire, ici comme ailleurs, que le tableau que nous donne M. Suchier est tracé de main de maître. Il est d'autant plus méritoire que l'auteur avait moins d'aides et de précurseurs : la littérature du moyen âge finissant est un terrain qui n'a encore été défriché que par places, et c'est ici qu'on a pour la première fois essayé d'en faire une exploration et une description d'ensemble. Les jugements brefs et caracté- ristiques, les vues personnelles, les rapprochements heureux abondent dans ce chapitre comme dans les autres. L'auteur l'ouvre par des remarques très justes sur le changement survenu dans le milieu social, où la féodalité va s'eff'ondrant peu à peu, tandis que se prépare et déjà se dessine la forme moderne de la

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