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UN DRAME SUR LES « REMPLAÇANTES »

EN I77I

« LA VRAIE MÈRE » de Moissy

Par F. GAIFFE

En explorant les recoins les moins connus de la littérature dramatique, on découvre parfois des essais originaux, condamnés par leur singularité même à un échec certain auprès du grand public, mais plus intéressants pour nous que telles œuvres, jadis célèbres, auxquelles un ensemble de qualités moyennes, estimables et ternes, avait assuré le succès. L’étude de ces tentatives avortées nous montre comment les auteurs dramatiques dont nous admirons les heureuses audaces ont souvent été précédés de novateurs obscurs, qui, venus trop tôt, avec moins de flair et de talent, n’ont recueilli pour prix de leurs hardiesses que les quolibets des spectateurs et les haussements d’épaules de la critique.

C’est ainsi qu’on est assez surpris de rencontrer, dès l’année 1771, un drame dont le sujet n’est autre que celui des Remplaçantes, une des pièces les plus applaudies de ces dernières années. Sans doute l’ouvrage du xviiie siècle n’a point vu le feu de la rampe ; il est infiniment probable que M. Brieux en ignore même l’existence, et il ne s’agit point d’opposer un écrivain de dixième ordre, justement tombé dans l’oubli, à l’un des maîtres actuels de la scène française. Il n’en est pas moins vrai que, pour un sujet hardi et neuf, cent trente années constituent une