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Page:Mémoire sur l'indépendance de l'Ukraine, présenté à la Conférence de la paix par la Délégation de la République ukrainienne (1919).djvu/44

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confédération de tous les peuples slaves. Dans cette société se trouvaient l’historien Kostomarov, le poète Chevtchenko, l’historien et poète Koulich. Mais le gouvernement russe punit très durement les membres de cette société qui furent tous condamnés à la déportation (Chevtchenko resta dix ans comme simple soldat dans l’Asie centrale). Après 1860, quand l’empire russe perdit pour quelque temps un peu de sa tyrannie, le mouvement littéraire put se développer plus librement ; et des associations politiques secrètes (Gromada) se créèrent de nouveau. Les plus grands meneurs du mouvement ukrainien d’alors furent l’historien Antonovitch et Drogomanov. Ce dernier donna une grande extension aux idées des sociétés Cyrille et Méthode ; et il fut le théoricien des idées nationales.

Ces divers groupements politiques subsistèrent sans interruption et dans plusieurs autres villes de l’Ukraine jusqu’aux événements de 1917. Ils tenaient dans leurs mains tout le mouvement national : ils dirigeaient la lutte contre le tsarisme, pour la délivrance de l’Ukraine.

Au début de ce siècle, et notamment en 1905 et 1906, l’activité et la diversité des partis politiques et des associations augmentèrent beaucoup. Dans les deux premières Doumas, les députés ukrainiens organisèrent des groupes importants. La première révolution russe ne donna aucune satisfaction réelle à l’Ukraine ; mais elle stimula puissamment le mouvement national. Du reste, la rigueur persécutrice de l’administration russe s’affaiblit un peu. Il faut rappeler que, depuis 1876 et jusqu’en 1905, le régime administratif fut en Ukraine d’une sévérité extrême : la langue ukrainienne restait comme précédemment interdite dans tout l’organisme officiel, et surtout dans les écoles (primaires et autres). Par l’ukase de 1876, toutes les publications en langue ukrainienne étaient défendues. Seules et sous une censure sévère, des poésies et des nouvelles pouvaient être publiées ; et encore devaient-elles l’être en caractères russes qui, on le sait, diffèrent beaucoup des caractères ukrainiens. Au théâtre on ne pouvait pas représenter une pièce ukrainienne sans donner, dans la même soirée, une pièce russe. Tous les milieux ukrainiens étaient suspects et, comme tels, surveillés par la police. La plupart des patriotes ont connu l’exil, la déportation, les prisons, etc.