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Page:Mémoire sur l'indépendance de l'Ukraine, présenté à la Conférence de la paix par la Délégation de la République ukrainienne (1919).djvu/60

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moyennes étaient fondées à Lemberg, à Tchernyhiv, à Ostrog et dans d’autres villes. Une Académie avait été instituée à Kiev qui comptait un grand nombre d’imprimeries où étaient édités des ouvrages non seulement pour l’usage des Ukrainiens, mais encore pour les autres peuples slaves (Russes, Serbes, etc.).

Or, en 1685, l’indépendance de l’Église ukrainienne fut abolie ; et le développement de la culture ukrainienne commença à être entravé. Bientôt, l’impression des livres ukrainiens fut interdite.

Le XVIIIe siècle fut une époque néfaste dans l’histoire du peuple ukrainien. Mais la littérature ukrainienne devait renaître.

Cette renaissance correspond au réveil national des peuples slaves, et spécialement de la littérature russe qu’elle précède de quelques années. Son grand artisan est Ivan Kotlarevski qui mérite le titre de père de la nouvelle littérature ukrainienne. Celle-ci se développe assez vite. Au commencement du XIXe siècle s’est déjà formée toute une école littéraire qui a à sa tête le directeur de l’Université de Kharkov, Houlak-Artemovsky, E. Hrebinka, F. Kvitka. Une école semblable, mais plus puissante et plus brillante, se crée autour de l’Université de Kiev. Elle a pour chef l’historien Kostomarov et rassemble les écrivains les plus célèbres de l’Ukraine : le poète et peintre T. Chevtchenko, les historiens et savants P. Kouliche, A. Barvinok, M. Markovitch, O. Storojenko, J. Stchoholiv, S. Roudansky, P. Swidnytcky.

Chevtchenko prédomine sur la littérature d’alors, comme sur toute la littérature ukrainienne. Fils de la glèbe, serf d’origine, il s’était élevé par la seule force de son génie qui sut exprimer tous les sentiments, toutes les aspirations, toutes les douleurs de son pays. Dans ses poèmes historiques, il a évoqué les héros de l’époque des Cosaques : il a rappelé à son peuple le devoir national ; il lui a donné une idée vivante de la patrie.

La grande route littéraire était tracée. La littérature ne cessa plus de se développer, en dépit des vexations, des entraves du régime tsariste. Après Chevtchenko, la plus haute figure littéraire est celle d’Ivan Franko, érudit, folkloriste, critique aux idées profondes, qui a écrit de grands poèmes symboliques et notamment le Moïse, des élégies, des nouvelles où les labeurs du