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encore pour travailler. J’avais pris un abonnement de partitions d’orchestre, et j’emportais avec moi celle des ouvrages qui y étaient représentés, ce qui me fit beaucoup gagner pour mon instrumentation.

Mon premier morceau achevé, j’écrivis à M. Dartois ; il arriva le lendemain et me pria de le lui faire entendre. Il me le fit chanter à plusieurs reprises, et en était très-content ; il me dit de continuer aussi bien, et que je n’aurais rien à craindre. Il trouva le second et le troisième morceau encore mieux, et enfin toute la partition. Il en paraissait enchanté ; lorsque je lui parlais de la lettre en question, j’avais cru remarquer en lui toujours un certain embarras.

Ma partition terminée, je me rendis chez M. Crosnier et lui demandai un jour pour l’audition de ma musique. — Comment ! s’écria-t-il, elle est déjà finie !… Eh bien ! allez de ma part chez tels et tels artistes de mon théâtre, je veux que ce soit eux qui chantent. — Mais, Monsieur, lui observai-je, ils n’auront pas le temps de s’en occuper, et j’avais déjà donné les rôles à des artistes en dehors de votre théâtre. Il ne me céda point là-dessus, et il avait bien ses raisons pour cela, comme