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Page:Mémoires de Charlotte Robespierre sur ses deux frères.djvu/51

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elle nous avait déjà ravi notre mère. Je ne sais dans quel pays il mourut. Il aura sans doute succombé à une douleur devenue insupportable.

Nous étions donc orphelins de père et de mère. On ne peut se faire une idée de l'impression que produisit sur Maximilien la mort de nos parens. Un changement total s’opéra en lui. Auparavant il etait , comme tous les enfans de son âge , étourdi turbulent , léger ; mais dès qu'il se vit pour ainsi dire chef de la famille en sa qualité d’âiné, il devint posé, raisonnable, laborieux , il nous parlait avec une sorte de gravité qui nous imposait ; s'il se mêlait a nos jeux, c’etait pour les diriger. Il nous aimait tendrement, et il n’était pas de soins et de caresses qu'il ne nous prodiguât.

Restés seuls et sans soutiens sur la terre, nous avions besoin qu’on vint à notre secours. Les deux sœurs de mon père nous prirent chez elles , ma sœur et moi; nos aïeux maternels se chargèrent du soin d’élever Maximilien et notre jeune frère Augustin. Le premier fut mis au collége d’Arras et fit en un peu de temps des progrès rapides qui étonnèrent ses maitres. Son goût pour l'étude et pour les choses sérieuses le rendait très appliqué à ses devoirs. Il montra de bonne heure un caractère doux et juste qui le faisait chérir de tout le monde. Il partageait rarement les jeux et les plai