Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/137

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imprimés avant la discussion ; les meneurs, dans leurs cercles, préparaient d’avance les décisions.

« Dans les commencemens, l’administration du Sénat était confiée à des commissaires élus dans son sein ; elle était gratuite. Bonaparte créa pour cet objet quatre grands officiers à sa nomination : un président, un chancelier, deux préteurs, dont le traitement absorbait une somme annuelle de 144 mille francs. On ne rendit plus alors aucun compte au Sénat.

« Quand on annonça la création de sénatoreries, l’avis primordial était qu’on les obtînt par rang d’ancienneté de nomination. Joseph Bonaparte avait déclaré que l’empereur ne ferait point au Sénat l’injure d’adopter une autre forme ; cependant une autre forme fut adoptée, celle de présenter trois candidats, entre lesquels choisirait Bonaparte. Alors se déploya toute l’intrigue des meneurs pour être sur la liste, ou y faire placer leurs affidés. Le nombre des sénatoreries n’était pas proportionné à celui des avides et des serviles qui les convoitaient. Il en résulta parmi eux un mécontentement qui faisait hausser les épaules et provoquait le rire des indépendans.

« Sénatoreries. — Listes faites en famille. — Nouveau moyen d’asservir les volontés. — Alléchés par l’odeur des revenus.

« Bons de 13,000 francs distribués, dit-on, aux serviles les plus influens.